Akim, Ikce, Julie et Réal, confidences dans l’aéro

Akim, Ikce, Julie et Réal ont été réunis par leurs Protecteurs. Ils sont dans un aéro loué par John Wu et se dirigent vers l’Europa, où ils vont rejoindre Maxiam et Taem. Entre Enfants de l’Aurore, ils peuvent pour une fois parler de leur pouvoir, même si Julie n’est pas de cet avis. Elle se redresse sur son siège pour mettre ses amis en garde :

"Vous faites ce que vous voulez, les gars, mais je pense que l’on ne doit pas parler de notre pouvoir à quiconque. Même mon protecteur ne connaît pas le mien dans les détails. Vous connaissez le refrain : si l’un de nous se fait capturer, il met en danger tous les Enfants de l’Aurore qu’il connaît et leur famille proche."

Assis à côté d’elle, le bouillant Réal réagit vivement :

"Mais, Yulie, c’est nous qui allons enquêter dans un endroit dangereux, pas les Protecteurs ! C’est à nous de décider."

Du fond du cockpit s’élève la voix grave d’Akim :

"Nous allons devoir agir ensemble. Peut-être nous battre. Alors nous devons connaître nos forces et nos faiblesses. Un groupe est plus qu’une somme d’individus."

Ikce, installé aux commandes de l’aéro, renchérit :

"C’est vrai, nous avons besoin de savoir de quoi sont capables les autres. Et cela pourrait aussi nous aider à mieux comprendre nos pouvoirs, à deviner d’où ils viennent, et même à lutter contre les Enfants du Crépuscule.

Après quelques minutes de discussion, Julie rend les armes, et Akim évoque la première manifestation de son pouvoir.

"Je vivais encore sur Sarihill, ma planète natale. Avec une vingtaine d’autres enfants et quelques guides, je suivais l’Initiation au désert, une tradition à laquelle mon peuple est resté fidèle. Muni d’un équipement rudimentaire, nous devions traverser une immense étendue de roches et de sable. A chaque étape, plusieurs d’entre nous devait abandonner, vaincu par la fatigue et la soif. Un aéro venait les chercher, tandis que les autres continuaient. Seuls les plus résistants atteignaient la dernière étape et devenaient guides à part entière.

Nous étions à l’avant-dernière étape lorsqu’une tempête de sable s’est levée. Une grosse tempête. Nous étions tous à bout de ressources, même les guides, dont l’un avait été évacué. La tempête nous força à l’immobilité. Sans repère, nous ne pouvions plus avancer. Elle dura plus de vingt heures. Nous n’avions pas atteint l’étape et étions à court de vivres et d’eau. Je pensais que nous allions tous mourir. J’avais la gorge sèche. Jamais je n’avais manqué d’eau à ce point. C’est alors que j’ai entendu la voix. C’était comme une prière, une psalmodie. Je l’appelle "le chant de l’eau". Au cœur de la tempête, j’ai suivi la direction d’où venait le chant. Je me dirigeais à l’ouïe, tel un aveugle. J’ai quitté le groupe et je l’ai perdu de vue, sans qu’il me soit possible de revenir sur mes pas. Pourtant, quelques dizaines de minutes plus tard, je retournais vers le groupe.